1ère partie

1ère partie

Les temps sont donnés à titre indicatif, sachant que nous étions un groupe important et que le niveau des marcheurs était très hétérogène.

Mardi 27 septembre 2011 : Le Brûlé (Camp Mamode) – Gîte de la roche écrite – Dos d’âne (Gîte Les acacias)

Nous quittons le collège Simon Lucas vers 8 h 30, après les dernières vérifications. Mme Nemoz, Principale, nous encourage.

5 élèves ne participent pas à la traversée pour des problèmes physiques (bras cassé, dos, anémie, malaises) et des contre indications médicales. Nous partons donc à 4 accompagnateurs et 20 élèves.

Nous sommes un peu inquiets en raison d’une météo que les prévisionnistes nous annoncent pluvieuse… Le bus nous laisse à Camp Mamode où nous entamons notre périple à 10 h 30, après les consignes de randonnée, sous un soleil généreux.

Le Brûlé (Camp Mamode) – Gîte de la roche écrite (650 d+, 25 d-, 4 km, 3 h)

Le sentier est boueux, la progression délicate, mais la bonne humeur est omniprésente. Lors de notre première pause, après une demi-heure de marche, le sac à dos de Sullivan, qu’il a posé sans précaution, glisse et disparaît dans le ravin… Grâce aux cordes emportées, M. Chapuis descend en rappel le long de la paroi. Finalement, il retrouve le sac une quinzaine de mètres plus bas, arrêté par la végétation. MM. Bauviès et Maillot remontent le sauveteur chargé du précieux bien, tandis que Mme Aubin rassure les élèves et que Sullivan retrouve le sourire.

La marche reprend dans l’allégresse mais, au bout d’une heure, la lanière du sac de Christopher ayant cassé, M. Maillot doit faire une réparation de fortune. Le terrain gras ralentit notre progression et Martine, bavarde inattentive, perd souvent l’équilibre.

Finalement, à 13 h 30, nous déjeunons au gîte de la Roche écrite. Il fait frais. Tout le monde se couvre.

Gîte de la roche écrite – Dos d’âne (Gîte Les acacias) (200 d+, 1050 d-, 10 km, 4 h 45)

Vers 14 h, nous repartons. Le sac de Christopher casse encore. Nous le réparons avec la corde de rappel en sachant qu’il ne tiendra pas plusieurs jours. Nous aviserons le soir. Les élèves se plaignent du poids des sacs qu’ils ont trop chargés. Les épaules sont douloureuses.

La première partie de la descente s’effectue bien. Malheureusement, une pluie fine nous rattrape bientôt, et les racines, les marches, la terre et les rochers glissants freinent notre progression vers Dos d’âne. Tout le monde sort son poncho, sa cape de pluie. Les chutes se multiplient, les chevilles se tordent, heureusement sans gravité. Nous sommes censés descendre et pourtant nous remontons souvent… La descente est très vallonnée. Dans les nuages, nous distinguons le cirque de Mafate et apercevons Grand Place où nous dormirons le lendemain.

Enfin, à la tombée du jour, nous discernons Dos d’âne en contrebas. Kelly espère encore acheter des souvenirs pour sa maman… Mais nous arrivons trop tard au gîte : il est 19 h, il fait nuit, les lampes frontales éclairent notre chemin.

Les élèves se ruent sur les douches ! Nous dînons à 20 h. Le repas n’enchante personne. Tout le monde est déçu. Les élèves n’apprécient pas la salade, ni les cailles ni les grains... Seuls les beignets de bananes séduisent.

Nous faisons le point avec les élèves qui ont chuté ou qui semblent souffrir. Océane, malgré une grosse chute et une cheville en souffrance, est déterminée : « Je ne suis pas venue jusqu’ici pour abandonner ». Emmanuel C. souffre beaucoup d’un genou, une ancienne blessure de football qui s’est réveillée. Sa participation à la suite de la traversée est compromise. Nous appelons ses parents qui viendront le chercher le lendemain matin pour le ramener chez lui afin de se faire soigner. Il est déçu.

A 22 h, c’est l’extinction des feux. Une bonne nuit de sommeil réparatrice est indispensable.

 

Mercredi 28 septembre 2011 : Dos d’âne (Gîte Les acacias) – Deux Bras – Grand Place les hauts (Gîte Le Pavillon)

La journée pluvieuse de la veille est oubliée dès le lever du soleil. Le temps est magnifique.

Au réveil, les filles se plaignent d’avoir mal dormi à cause de Mme Aubin qui aurait ronflé… Christopher échange son sac avec celui d’Emmanuel que sa famille vient chercher à 8 h, juste après le petit déjeuner. Les œufs de caille n’ont pas été du goût des élèves. Les sacs se vident de la nourriture excessive, M. Chapuis soigne les petits bobos, strappe les chevilles, protège les ampoules, et nous partons.

Dos d’âne (Gîte Les acacias) – Deux bras (100 d+, 820 d-, 5 km, 3 h 30)

Au bout d’une demi-heure, nous entamons la longue descente vers la Rivière des galets. Dans le sens inverse, c’est une montée mythique lors du Grand Raid. Certains passages techniques, des mains courantes et des échelles sont difficiles pour Elvina qui a un bras en écharpe ou Thomas qui a le vertige. Leurs camarades les assistent avec beaucoup de sollicitude : Bryan, Yann, Billy, Emmanuel L., Anthony, sont très prévenants.

La valse des hélicoptères rythme notre marche. Mme Aubin a mal aux orteils dans ses chaussures trop justes. A Deux bras, où nous déjeunons à midi, M. Chapuis sort de nouveau la pharmacie pour tenter de réparer les bobos occasionnés par la terrible descente. Lorenzo n’a pas pris assez à manger… Heureusement que la générosité de ses camarades lui permet de s’alimenter correctement.

Deux bras – Grand Place les hauts (gîte Le Pavillon) (450 d+, 60 d-, 7 km, 4 h 15)

Nous marchons depuis une heure et quart dans le lit de la rivière des galets lorsque nous faisons une pause. Mme Aubin n’est pas en état de continuer et nous décidons qu’il est plus sage qu’elle fasse demi-tour. Comme beaucoup d’élèves se plaignent et s’écroulent sur les rochers, nous leur demandons qui souhaite arrêter. Tous se lèvent alors, motivés comme jamais, prêts à continuer l’aventure. De peur qu’on les rapatrie eux aussi, ils s’éloignent si rapidement qu’ils oublient de dire au revoir à Mme Aubin…

Tandis que la classe continue sa progression, M. Bauviès raccompagne Mme Aubin jusqu’à Deux Bras où elle peut prendre un 4 X 4 pour rejoindre Le Port. M. Bauviès rattrape le groupe en courant, à la passerelle, au bas de la montée vers Grand Place Cayenne.

Notre arrivée plus précoce au gîte du Pavillon, à 17 h, permet aux élèves d’écrire le journal de leur traversée et de profiter davantage de ce savoureux moment de détente après l’effort. Le repas du soir est apprécié à sa juste valeur : excellent cari de canard et succulent boucané. Certains accorderont même un 20/20 à la cuisinière. A table, Dylan réussit l’exploit de vendre 7 autocollants (qui contribuent à sponsoriser notre traversée) à des touristes néo-calédoniens… Ceux-ci nous félicitent pour la gentillesse du groupe d’élèves.

Il fait meilleur qu’à Dos d’âne mais il est nécessaire de se couvrir. Nous constatons qu’Adrien n’a pas pris de pull. Christopher lui en prête généreusement un.

A 22 h, c’est l’extinction des feux. Tout le monde est fatigué mais heureux. Première nuit dans Mafate pour la quasi-totalité du groupe. Christopher se couche avec sa casquette et Vincent avec ses lunettes de soleil… Déjà prêts pour le lendemain !

 

Jeudi 29 septembre 2011 : Grand Place les hauts – La Roche ancrée – Roche Plate (Auberge du Bronchard)

Au réveil, Pauline se plaint d’avoir entendu frapper à sa porte pendant la nuit. De là à penser qu’un fantôme hanterait Mafate, il n’y a qu’un pas, franchi à grandes enjambées par la randonneuse… D’autres filles se plaignent d’avoir eu du mal à dormir à cause de M. Maillot qui aurait ronflé dans la chambre voisine ! M. Maillot, lui, n’a rien entendu… M. Bauviès se plaint des ronflements d’Emmanuel et d’Alexandre. Mais les élèves nient tout en bloc et lui retournent le compliment…

Avant le petit déjeuner, pendant que M. Chapuis soigne les bobos, MM. Bauviès et Maillot défient les champions des élèves, Bryan et Emmanuel, au baby-foot. La victoire des professeurs est éclatante !

Grand Place les hauts (gîte Le Pavillon) – La Roche ancrée (150 d+, 350 d-, 3 km, 1 h 35)

C’est encore une très belle journée, magnifiquement ensoleillée. La descente vers Cayenne, puis La Roche ancrée est splendide et offre des points de vue somptueux sur le cirque de Mafate. Les élèves commencent à avoir le pied montagnard et leur progression est beaucoup plus aisée.

Elvina a trouvé un chevalier servant en la personne de Dylan qui porte son sac depuis la veille.

A la Roche ancrée, le superbe bassin est une invitation à la baignade, mais les consignes sont fermes et respectées. La marche reprend.

La Roche ancrée – Roche Plate (Auberge du Bronchard) (800 d+, 250 d-, 4 km, 4 h 15)

Après le repas de midi, la dure montée vers Roche Plate, sous un soleil de plomb, éprouve les organismes. MM. Bauviès, Chapuis et Maillot font de fréquents allers et retours entre l’avant et l’arrière du groupe pour alléger des élèves fatigués, en s’improvisant sherpas, ces infatigables porteurs himalayens. Dans le groupe de tête, certains comme Vincent et Bryan, portent aussi les sacs des camarades en difficulté.

Le refrain préféré de Billy et Sullivan est « Mi gagn pu »… En passant devant le cimetière de Roche Plate, les jeux de mots sont donc tout trouvés pour exprimer l’épuisement de quelques-uns.

Une escale à la boutique de Roche Plate réconforte tout le monde. Les boissons rafraîchissantes, offertes par les enseignants grâce à la vente des tee-shirts, régénèrent les physiques éprouvés.

Nous arrivons au gîte à 15 h. Nous avons le temps de nous installer, de nous doucher, de faire des étirements et de poursuivre l’écriture du journal de la traversée.

La salade avec les tomates arbustes et le rougail saucisse sont très appréciés. Thomas se révèle en bavard intarissable. Le repas l’a revigoré : il n’est plus épuisé mais épuisant…

A 22 h, c’est l’extinction des feux. La deuxième partie de la randonnée a été fatigante et la montée escarpée vers Roche Plate très pénible. Nous avons besoin de récupérer.

 

Vendredi 30 septembre 2011 : Roche Plate – Trois Roches – Marla (Gîte de Mme Hoarau)

Les élèves ont davantage de mal à se lever. Nous réveillons les filles plus tôt afin qu’elles aient le temps de se préparer… Pauline est contente : au petit déjeuner, elle a le jus qu’elle a réclamé.

M. Chapuis strappe la chaussure de Martine, sur le point de rendre l’âme…

Roche Plate (Auberge du Bronchard) – Trois Roches (500 d+, 380 d-, 4,5 km, 3 h 15)

A 8 h 30, nous partons sous un soleil déjà généreux. Le groupe marche bien. Les élèves ont acquis une belle aisance sur les sentiers empierrés et avalent beaucoup mieux les nombreuses montées et descentes du parcours vallonné qui nous mène à Trois Roches. Dès le départ, nous apercevons Marla, au bout du cirque de Mafate, la destination de notre ultime nuit.

Comme chaque jour, les groupes se forment, soit par affinité, soit par motivation : devant, certains garçons comme Valentin, Vincent, Thomas ou Bryan voudraient courir ! Des petites tensions entre élèves voient aussi le jour. Nous en discutons pour essayer de régler le problème.

A l’approche de Trois Roches, nous voyons un hélicoptère du PGHM qui semble s’entraîner dans le fond de la Rivière des galets.

Nous prenons le temps de nous reposer un long moment à Trois Roches où nous déjeunons. Les élèves partagent leur repas en s’allégeant du superflu. Le site magnifique est occupé par beaucoup de randonneurs. Les Allemandes en maillot de bain ont beaucoup de succès auprès des garçons… Emmanuel semble hypnotisé tandis que Yann entame quelques pas de sega avec Kelly.

Au moment de repartir, en faisant un dernier tour pour voir si nous n’avons rien oublié, nous avons la déception de retrouver, cachées sous des rochers, trois boites de conserve… Après une rapide enquête, Yann et Alexandre avouent leur « forfait ». C’est l’occasion de rappeler une des règles fondamentales de la randonnée en montagne : le respect de l’environnement.

Trois Roches – Marla (500 d+, 120 d-, 3,5 km, 2 h 10)

Le décor lunaire du fond de la Rivière des galets et ses remparts vertigineux qui nous dominent nous rappellent à l’humilité. Nous découvrons des dykes (des filons subverticaux) qui sont les conduits d'alimentation du volcanisme.

                Les élèves sont persuadés que Mme Nemoz, la Principale du collège, va nous rejoindre pour remplacer Mme Aubin. Les filles craignent qu’elle ne dorme avec elles. Nous laissons planer le doute avec jubilation…

                La dernière ascension vers Marla étire le groupe. MM. Bauviès et Chapuis retournent à l’arrière porter les sacs des « retardataires », tandis que M. Maillot assiste Pauline dans sa montée éprouvante. Lentement, mais sûrement, elle termine peu après.

                A Marla, à 1600 mètres d’altitude, le fond de l’air est frais. Même Adrien, pourtant peu frileux, ira de lui-même chercher un pull chez son fournisseur officiel… Christopher, quant-à lui, surprend tout le monde par ses choix vestimentaires : la journée, il marche en bas de survêtement et doudoune ; le soir, il se met en short et tee-shirt… Nous le ramenons à la raison.

                Des chamailleries et des disputes puériles viennent ternir la fin d’après-midi. Finalement, les élèves se réconcilient. Le dernier repas du soir est très animé et se déroule dans une ambiance festive. Le cari de poulet est bon. Les élèves réclament en vain du punch. Pendant que Thomas tente de subtiliser la bouteille de rhum, Yann danse un sega avec des touristes enthousiastes.

                A 22 h, c’est l’extinction des feux. Un peu d’agitation, mais MM. Bauviès et Chapuis, les veilleurs de nuit, ne dorment pas tout de suite…

Samedi 1er octobre 2011 : Marla (Gîte de Mme Hoarau) – Cilaos (Pied du Taïbit)

                Au lever du jour, le temps est très nuageux. Les sommets sont couverts. Les élèves n’apprécient pas le réveil musclé que leur prodigue M. Bauviès.

                Les filles arrivent une demi-heure après les garçons au petit déjeuner… Leur gîte était-il plus loin ? Ont-elles été enfermées dans la salle de bain par un M. Maillot malicieux ? M. Chapuis les a-t-il retenues trop longtemps à l’infirmerie ? Ont-elles passé trop de temps à se maquiller ?...

                Nous décidons d’envoyer une carte postale de Mafate au collège Simon Lucas, signée par tous les participants de l’aventure.

Marla – Cilaos (Pied du Taïbit) (480 d+, 840 d-, 5 km, 3 h 45)

                Nous commençons notre ascension du Taïbit dans la grisaille, avec une petite laine. Le rythme est bon. MM. Bauviès, Chapuis, ainsi que Vincent et Bryan finissent en portant les sacs de leurs camarades. Nous parvenons au sommet en 1 h 30. C’est le point le plus haut de notre randonnée : 2090 mètres d’altitude. Nous devinons Cilaos à travers les nuages. Dommage que la vue ne soit pas plus dégagée.

                 En basculant au sommet, nous quittons le cirque de Mafate pour entrer dans celui de Cilaos. Les élèves sont couverts, il ne fait pas chaud.

                 Dans la descente nous retrouvons le papa de Yann qui est venu à notre rencontre.

                 Avant midi, les premiers parviennent au pied du Taïbit, sur la route qui relie Îlet à Cordes à Cilaos. Quand les derniers arrivent, un quart d’heure plus tard, le bus se gare juste. M. Maillot, professeur principal, ferme la marche, mettant ainsi un terme à cette magnifique aventure.

                  Nous pique-niquons au bord de la mare à joncs, à Cilaos. La vente des tee-shirts permet aux professeurs de payer les sandwiches et les boissons.

                  Thomas croit que nous sommes à Saint Denis… Mme Aubin aura du travail en géographie…

                  Nous prenons le temps de réunir les élèves pour parler de leur périple et surtout les féliciter du beau parcours qu’ils ont réalisé. Au-delà des efforts, des souffrances parfois, le bilan est extrêmement positif. Le groupe a su surmonter toutes les difficultés : les douleurs physiques et morales, les angoisses, les chagrins et les découragements ; la classe a montré une bonne entente, a fait preuve de beaucoup de courage et d’une belle solidarité.

                   Nous sommes fiers de ce que nous avons accompli.

                   Vivement le mois de mai et la 2ème partie !

 

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